"Les armes du XVII au XIXème siècle, un peu d'histoire de France...."
Les armes militaires et leur apogée
Sous le règne de Louis XIV, Louvois a le mérite de forger pour la plus grande gloire du Roy : une armée puissante et efficace. Louvois constitue alors une sorte d'école de formation des futurs cadres, officiers et sous-officiers. Il impose le port de l'uniforme militaire obligatoire. Au fur et à mesure, une administration s’organise. Les armées de Louis XIV deviennent les plus impressionnantes de l'histoire française. A partir du XVII siècle, la puissance royale se réinstalle et l'armée devient un instrument avec lequel le Roy peut imposer son autorité.
L'administration militaire a également accompli des progrès immenses comme dans l’habillement, l’équipement et l’armement de ses armées. De fait, la France donne à ses soldats les uniformes nationaux dès 1680. La France reste la puissance dominante en Europe à cette époque.
La Révolution française modifie presque tous les aspects de la vie française et européenne. La recherche de « Liberté, Égalité, Fraternité » du peuple bouleverse les armées.
À l'été 1794, la Conscription permet d'avoir environ 500 000 hommes disponibles pour le pays.
En raison de la pression politique, de la concurrence, de la promotion, et des constantes campagnes, la France émerge des guerres de la Révolution avec les meilleurs officiers d'Europe, avantage essentiel pendant les guerres napoléoniennes qui suivirent. Le Consulat, issu du coup d'État du 18 Brumaire An VIII de la République (9 novembre 1799), établit un régime politique autoritaire dirigé par trois consuls, le Premier Consul Bonaparte ayant particulièrement l'ascendant sur les deux autres consuls, Sieyès et Ducos. Le régime existe jusqu'à la date de la proclamation de l'Empire, le 18 mai 1804.
Le « Premier Empire » est institué par Napoléon Bonaparte et s'achève en avril 1814. Napoléon Bonaparte est sacré empereur à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804 sous le nom de Napoléon Ier.
Entre 1805 et 1807 puis entre 1811 et 1814, l'armée impériale de Napoléon Ier est surnommée la « Grande Armée ». Sa composition intègre de très larges contingents étrangers. La Grande Armée atteint ainsi un maximum de 600 000 hommes en 1812 au départ de l'invasion de la Russie.
Les guerres napoléoniennes bouleversent complètement les conceptions sur l’art de la guerre. Avant Napoléon, les États européens avaient des armées relativement petites, parfois composées de mercenaires combattant contre leur pays d’origine. Avec lui, apparaissent les premières armées nationales à recrutement massif.
L'héritage napoléonien augmente l'usage de la mobilité pour compenser l'infériorité numérique. Le rôle de l’artillerie devient alors considérablement optimum lors des batailles, qui se composent d’unités indépendantes et mobiles.
Napoléon standardise les calibres de canons, pour une meilleure compatibilité entre les pièces. Il sait aussi se servir de la science, afin d’optimiser l’intendance des armées. La conduite de la guerre évolue : le but recherché devient la destruction des armées adverses afin de provoquer des pertes maximales pendant mais aussi après la bataille. Après l’abdication de Napoléon 1er, il est institué la première Restauration et la seconde Restauration. Louis XVIII a créé la Maison du Roi constituée de Gardes du corps du Roi, Mousquetaires Gris et Les Mousquetaires Noirs, Chevau-Legers, Gendarmes de la Garde, etc…
Le Second Empire correspond au régime bonapartiste de Napoléon III de 1852 à1870, entre la Deuxième et la Troisième République. Président des Français et en contradiction avec l'assemblée conservatrice, Louis-Napoléon ordonne le coup d'État du 2 décembre 1851, imposant une nouvelle constitution, et l'Empire. La première période de ce « Second Empire » est appelée l'« Empire autoritaire », la seconde l'« Empire libéral ».
Les armes de la Manufacture de Versailles
La Manufacture de Versailles et Nicolas-Noël Boutet
Nicolas-Noël Boutet a été glorifié par son excellent travail mais aussi par Napoléon Bonaparte. Cet arquebusier hors-pair fut nommé directeur de la Manufacture de Versailles, manufacture d’armes militaires mais aussi d’armes de prestige. Il oeuvrera jusqu’à son décès en 1833.
Initialement, Nicolas-Noël Boutet était arquebusier ordinaire du Roy suite à son mariage, lorsqu’il fut nommé Directeur-artiste de la manufacture de carabines de Versailles par décret. L’Atelier d’armes de Versailles fut inauguré le 7 octobre 1793, il deviendra la Manufacture d’armes de Versailles le 1er février 1794. Nicolas-Noël Boutet sera nommé par le Directoire, le 19 novembre 1798, Directeur Général des Manufactures d’armes et Ateliers des réparations de France. Il se concentrera sur l’administration de la Manufacture de Versailles.
Grâce à Nicolas-Noël Boutet, les armes militaires qui vont être confectionnées dans cette manufacture de Versailles vont devenir des pièces uniques, tant leurs finitions, leur robustesse et leur précision ne seront jamais égalées.
Quand aux armes de prestiges et aux armes d’honneur, l’excellence va être atteinte.
Ces dernières vont être usinées avec tant de précision dans les décors, dans les ciselages, dans les plaquages d’or, dans leurs références historiques que ces armes vont devenir des chefs d’œuvre.
En effet, Nicolas-Noël Boutet fera appel à des maîtres d’œuvres d’orfèvrerie afin d’obtenir des pièces d’une immense élégance tant leurs finitions seront soignées. L’Empereur Napoléon 1er, attaché à ses armées, honorera le travail de cette Manufacture dirigée par Nicolas-Noël Boutet.
Aujourd’hui, il est paradoxal que pour beaucoup la Manufacture de Versailles ne soit connue que sous le nom de Nicolas-Noël Boutet et que l’on est retenu de son histoire que la fourniture aux fastes de l’Empire et de ses dignitaires et notables, de splendides armes d’honneur et armes de luxe, tout à la fois, armes blanches et armes à feu. La volonté originale de fabriquer à Versailles des armes de guerre réglementaires semble avoir été oubliée, sauf des spécialistes, alors qu’on sait qu’en nombre, la production d’armes de guerre constitue l’immense majorité des pièces produites à Versailles. Nicolas-Noël Boutet, excellent dessinateur, soucieux d’invention, de qualité et de finition, aura consacré une grande partie de son énergie à la fabrication d’armes d’honneur et d’armes de luxe, objets d’art en eux-mêmes, plus qu’instruments de mort.
Ces armes de prestiges et d’honneur feront l’objet de nombreux présents prestigieux de la France à de nombreux chefs d’Etat.
Aujourd’hui, les armes de cette manufacture de Versailles, sont par leur rareté et leur beauté très recherchées par les collectionneurs.
Les armes des Arquebusiers Le Page
La Maison Le Page et Jean Le Page
Comment parler de Nicolas-Noël Boutet sans parler de son confrère et contemporain Jean Le Page.
Cette maison Le Page est une histoire de famille.
C’est par Louis Pigny, Arquebusier et Fourbisseur privilégié de Louis XV que cette famille va devenir illustre. Il cèdera son fonds à Pierre Le Page, neveu par alliance, lui-même arquebusier, artilier et artificier. En 1759, Pierre Le Page succède à Louis Pigny et s’installe au 13 rue de Richelieu, dans le 1er arrondissement de Paris. Il acquière une clientèle aristocratique grâce à son excellente formation chez l’arquebusier Mazillier. Il devient arquebusier du Maréchal de Saxe et devient arquebusier et fourbisseur la Maison d’Orléans. Après avoir livré un fusil au Roy Louis XV en 1767, il cèdera en 1779 sa maison à Jean Le Page, son neveu.
Avec Jean Le Page qui deviendra en 1804 Arquebusier de S.M. l’Empereur Napoléon 1er, la maison Le Page va devenir une maison prestigieuse pour ses pistolets, ses fusils et ses armes blanches. Son oncle lui a appris son savoir et lui a offert sa lettre de maitrise. Il va rivaliser avec Nicolas-Noël Boutet tant son entreprise familiale usinera des armes d’une grande qualité et surtout développera en terme d’innovation plusieurs brevets.
En 1809, Le Page présente une platine à percussion capable de tirer 300 fois, il en fit la présentation. En 1812, il invente la platine de mise à feu avec le système à boulette de fulminate. Dès lors, son titre d’arquebusier et de fourbisseur de la famille impériale lui apporte toute une clientèle prestigieuse.
Cette époque est une période fastueuse pour cet arquebusier de renom. Il confectionnera le sabre du 1er Consul Bonaparte, les armes personnelles de l’Empereur, entre autres ses propres fusils de chasse.
Son fils parmi ses 6 enfants, Jean André Prosper Henri Le Page lui succèdera en 1822 et signera Le Page Fils.
Il sera nommé arquebusier ordinaire du Roi, du Duc de Nemours et du Duc d’Orléans. Jean André Prosper Henri Le Page réussira à faire connaître l’entreprise familiale grâce aux expositions de Paris de 1823, 1827, 1834 et 1839.
En 1842, il cèdera la maison à son gendre Gilles Michel Louis Moutier, arquebusier et fourbisseur. Il développera davantage la maison familiale et s’associera avec son neveu Emile Henry Fauré Le Page qui, lui, sera le fournisseur breveté de la Cour impériale de Russie et sera couvert de distinctions.
Les armes réglementaires et luxueuses usinées par la maison Le Page feront toujours le bonheur de collectionneurs avérés. La maison Le Page doit sa renommée et son prestige à sa ténacité familiale alliant la précision de ces armes luxueuses. La clientèle aristocratique et monarchique n’empêcha pas l’engagement de la maison Le Page lors des événements politiques de 1789 et 1830 en fournissant des armes à la population. Cette maison demeure la plus connue parmi les arquebusiers français, jusqu’à la fin du XXème siècle car la plus citée dans les musées et les œuvres du patrimoine national français.
Sources : La Manufacture d’armes de Versailles et Nicolas-Noël Boutet, Ed. musée Lambinet, Versailles & Fondation de la Maison de la Chasse et de la Nature, Paris. 05 Novembre 1993. fr.wikipedia.org